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BenL
28 août 2014

Les Anges, l'histoire.

c'est avant tout une histoire vraie qui s'est déroulée sur le secteur dont j'ai la charge pour les canards régionaux. Aujourd'hui pas de dessin, que des mots à lire. Le texte original était ma série de l'été.

Préambule

En 1942, l'hexagone est coupée en deux:

au nord, la zone occupée.

au sud, le régime de Vichy.

Cette situation aussi bancale que précaire cesse avec l'annexion allemande de la partie contrôlée par Vichy; reste le souci d'occuper le terrain. La surface et la population dépassent les capacités germaniques.

Alors qui sont les allemands qui occupent la vallée du Rhône à ce moment là et plus particulièrement le petit village où va se dérouler la bataille du 31 août 1944?

A partir de 1943, le coin est plus ou moins sous le contrôle de la 189ème division d'infanterie de réserve. Il s'agit principalement de vieux soldats chargés de former les jeunes appelés, dans un secteur tranquille.

Cette division comprend des ''Ost-bataillon'' qui sont composés de quasi mercenaires originaires des républiques de l'Union Soviétique. Ils sont recrutés parmi quelques fanatiques, quelques opposants au régime de Staline et surtout dans les camps de prisonniers de l'Armée Rouge.

Pour le secteur qui nous intéresse, la présence allemande au quotidien est presque inexistante, ce qui permet de développer des points de chute pour la résistance!

Peu d'actions sont menée sur place, mais disons que c'est plutôt une base arrière qui permet de stocker les armes et panser les plaies.

Je n'ai conservé que les initiales des noms. Quant au village, il ne sera pas nommé directement. Non par discrétion, mais simplement pour laisser un caractère universel à l'histoire. Il s'est passé la même chose dans beaucoup d'autres endroits.

Etant limité en nombres de mots pour les articles, j'avais du synthétiser le récit au maximum, il retrouve ici un peu plus d'épaisseur.

1. La résistance

L'histoire de la bataille commence de façon discrète en 1943.

B. est un maquisard dont le père est originaire du village. Il a été dénoncé, capturé, torturé et amené sur une civière là où il cache les armes parachutées par les anglais, dans les combes de Neve. Les caisses sont stockées au milieu des bois, dans une maison inhabitée à l'écart du bourg. Les armes sont prises, le prisonnier emmené et la maison brûlée. Seule une petite bergère qui gardait ses bêtes au pré est discrètement témoin des faits. Elle pourra raconter cet événement qui, sur le coup, semble triste mais surtout anodin.

Le poste radio, fixé sur un chêne encore un peu plus loin dans le bois, n'est pas découvert! Malgré les tortures, le résistant est parvenu à conserver des secrets et les parachutages d'armes reprennent avec d'autres maquisards.

L'année passe. Le 15 août 1944, les alliés débarquent à St Tropez et remontent vers le nord par la vallée du Rhône. Les allemands dépassés par l'armada alliée se terrent le jour et avancent la nuit. Languedoc, Provence et Rhône-Alpes sont devenus le territoire de chasse des alliés. Faute d'allemands à combattre dans le ciel, les avions de chasse sont reconvertis pour attaquer les cibles terrestres. Ainsi, les P47 Thunderbolt de la 4ème escadre de chasse française et du 79th Fighter Group américains sont chargés de bombes et de rockets.

L'aéronavale américaine dont le rôle a été oublié depuis est présente avec deux porte-avions, l'USS Tulagi qui embarque l' Observation Fighter Squadron one (VOF-1) et l'USS Kasaan Bay qui héberge les "Be-Devilers" de la flottille VF-74. Ils volent sur des chasseurs F6 Hellcat du dernier cri et emporte comme les P47, toute une panoplie d'engins de destruction: bombes et rockets.

Note que ces deux porte-avions sont des navires dits ''d'escorte''. Ce sont en fait des cargos de petites dimensions reconvertis pour les besoin de la guerre. Ils ne comptent qu'un squadron de Hellcat et une poignée d'avions torpilleurs Grumman ''Avenger''. La longueur du pont d'envol étant insuffisante, les appareils sont catapultés comme cela se fait maintenant, la technique en était à ses débuts.

Bref tout ce petit monde est la terreur des allemands. Ils mitraillent et bombardent les convois qui sont coincés dans le goulet de la vallée du Rhône. Le paroxysme est atteint avec la bataille de Montélimar. La route est jonchée de carcasses de véhicules, de corps de chevaux* et de soldats.(* les allemands utilisent tous les moyens de transport possible dont un grand nombre d'attelages hippomobiles)

Cela oblige les fuyards à se terrer le jour et avancer (ou plutôt reculer) en direction de Lyon pendant la nuit, quand les chasseurs ne volent pas.

Cependant, ces missions de ''straffing'' sont terriblement dangereuses pour les pilotes alliés. Mon premier tableau qui a traversé l'Atlantique représente le jeune Keith Jennings, 20 ans, tué lors de sa 3ème mission. Son P47 touché par la DCA allemande s'écrase du côté de Taulignan dans la Drôme. Peu avant le débarquement, c'est le Mustang d'Alexander Jefferson qui est atteint lors de l'attaque de la station radar de Toulon. Le commandant des Devils du VF-74 est tué aux commandes de son Hellcat à Saint Bonnet le Froid, à la limite de l'Ardèche et de la Haute-Loire. Ce n'est qu'un aperçu des pertes, le prix payé est cher dans les escadrilles alliées.

Revenons au texte de l'article:

Depuis quelques jours, pour s'éloigner du danger des convois qui passent sur la route nationale (aujourd'hui RN86), nombreux sont les riverains à être hébergés dans les familles qui habitent sur le plateau, légèrement à l'écart de l'axe principal. Suite aux bombardement de leur orphelinat au printemps, plusieurs dizaines d'enfants, encadrés par des religieuses allemandes de Kreuswald, sont hébergés dans une grange. Pour satisfaire l'administration française qui continue de fonctionner correctement malgré la présence de l'occupant, le dispositif est intitulé ''colonie de vacances'' !

Note que si l'hébergement peut te sembler spartiate, il permet aux enfants d'avoir un abri. A cette époque, peu de structures sont disponibles pour les accueillir. Evidemment, les religieuses sont installées grâce au père C.

Ce prêtre est arrivé peu de temps auparavant, envoyé dans un village ''tranquille'' par le diocèse pour se faire oublier. Il était trop proche de la résistance, se déplaçant à moto, un revolver caché dans la soutane (voir texte de la veille).

Il hébergeait dans la clandestinité sa grand mère et son cousin évadé d'un convoi de STO. Peu enclin à la passivité il cachait en plus deux jeunes juives allemandes. C'est alors que la nuit du 30 au 31 août 1944, un grondement se fait entendre dans la vallée. Une voiture stoppe et la première porte est enfoncée.

La suite demain!

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